Un monde perdu sans Dieu

Un monde sans Dieu est un monde perdu

La bienheureuse Anne Catherine Emmerich, religieuse et mystique allemande, décrit dans chacun des cercles dont il va être question tout un règne végétal et animal qui a avec ce cercle un rapport physique, moral et mystique, et y décèle  le mauvais usage qui en est fait. Elle voit la signification des animaux, leur rapport réel et symbolique avec les péchés et avec les vertus opposées à ces péchés. Elle voit ce qu'est le monde déchu en dehors de l'Église de Jésus-Christ, comment par ses abominations il adore le démon soit directement et personnellement, soit indirectement dans la nature et comment il s'adore lui-même dans sa raison et veut se racheter lui-même.A la question posée par Anne Catherine :"Pourquoi Seigneur me fait-tu connaître tous ces mystères pauvre religieuse souffrante et retirée du monde que je suis?",Jésus lui répondit qu'ils serviront aux hommes dans les siècles à venir.


« J'eus, cette nuit, une grande et merveilleuse vision touchant l'expulsion d'un démon que j'avais vu Jésus opérer près de Béthanie ; je ne puis guère la reproduire d'une manière suivie. C'était une succession de tableaux qui se perdaient les uns dans les autres, et je ne m'en rappelle même plus le commencement, ni l'ordre dans lequel ils se suivaient. Je vis sortir de la bouche du possédé une vapeur ténébreuse, dans laquelle je vis trois nœuds ou trois points principaux, communiquant ensemble par des cordons de fumée noire. Je ne pouvais pas comprendre ce que c'était ; et, comme j'y réfléchissais, j'eus une vision. Je vis encore une fois, d'un coup d'œil rapide, le possédé couché par terre, et le Seigneur qui passait le pied sur lui ; je vis les nuages de vapeur noire liés ensemble sortir de sa bouche, et je vis le groupe qu'ils formaient comme suspendu en l'air devant moi. Alors je perdis de vue le possédé ; et, en considérant ce noir réseau, je pénétrai de plus en plus dans les détails de la vision, où je finis par voir tout un monde. Il me semblait voir d'abord une ombre en mouvement ; ensuite on reconnaissait l'ombre d'un homme, puis une forme humaine ; puis on distinguait tous les membres, puis on voyait l'intérieur : on voyait le cœur, le cerveau et tout le reste ; on se rendait compte enfin de toutes leurs fonctions, et on voyait toutes les pensées, tous les sentiments, tous les actes, et on visitait tout l'intérieur du corps et de l'âme de cet homme qui n'avait apparu d'abord que comme une pure ombre, et on voyait aussi dans quels rapports il était avec d'autres ; mais il n'est pas possible de trouver des paroles pour exprimer tout cela. Je vis des différences dans la teinte sombre et noire des trois nœuds ;

 

j'y vis ensuite diverses subdivisions qui prirent sous mes yeux la forme de jardins, dans les planches desquels j'aperçus toutes sortes d'affreuses choses. Dans les carrés d'un de ces jardins, je vis les instruments de torture les plus étranges et les plus effrayants, des mauvaises herbes de toutes sortes, des plantes vénéneuses et des bêtes venimeuses ; dans les planches d'un autre jardin, de singulières associations de plantes, d'animaux, de pierres, de métaux, de cachets, de chiffres, d'anneaux, de miroirs, de machines, d'instruments, de figures curieuses, etc. ; dans les planches du troisième jardin, il n'y avait que des objets agréables et magnifiques : des fleurs, des fruits, de la musique, de beaux tableaux, des augures nues ; mais rien qui parlât à l'âme, rien de saint. Au milieu de chacun de ces trois jardins et de tout ce qu'ils contenaient, je vis une fontaine ou une mare servant à arroser chacun d'eux à sa manière ; chacune de ces fontaines était remplie d'une espèce différente d'objets horribles et dégoûtants : il y avait des crapauds, des serpents, des reptiles et des bêtes venimeuses de tous genres, du sang et des abominations de toutes sortes. Dans chacun de ces jardins, toutes choses avaient entre elles une relation intime, et se rapportaient les unes aux autres d'une façon qui ne produisait que le mal, l'abomination, la douleur, le péché, les ténèbres, l'aveuglement .

Mais, plus je voyais les détails, plus j'entrais moi-même dans cette sphère, au point de n'en plus bien distinguer les limites. Je vis à la fin dans ces circonscriptions, de petites figures, puis des personnages et c'était comme un royaume où tout se tenait et où régnaient partout la vie et le mouvement. Les jardins formaient maintenant diverses sphères d'action et d'opération. Quand la vision fut arrivée à ce degré de développement, je ne vis plus les nœuds suspendus en l'air, mais tout cela était devenu comme un monde. Je vis encore des sphères et des enceintes lumineuses opposées à ces sphères ténébreuses et placées entre elles ; mais je ne distinguai pas les détails sinon lorsque je voyais des gens qui en sortaient pour passer dans les sphères ténébreuses. 

Quand ces sphères se présentèrent à mes yeux sous la forme de mondes pleins de personnages et de scènes diverses, je vis ce qui m'avait été montré d'abord comme des fontaines remplies de bêtes hideuses, apparaître comme des églises de ténèbres. Je vis dans la sphère inférieure qui était la plus sombre un culte abominable rendu au démon : tout y était horrible à voir. Je vis au lieu d'autel comme une petite montagne et par derrière un trou où d'énormes bûches entretenaient un brasier ardent. La flamme y était d'un rouge sombre et la fumée se dirigeait en bas vers la terre .

 Toutes les cérémonies, toutes les prières semblaient se diriger en bas. Je vis là une espèce de central des gens qui faisaient bouillir dans de grandes chaudières des plantes dont je connaissais les noms et dont la vue me faisait frissonner dans mon enfance lorsque je les rencontrais quelque part, et toute sorte d'autres choses affreuses. Je vis qu'ils s'oignaient avec cela : je les vis ensuite couchés là, puis transportés dans d'autres lieux où ils se réunissaient à des hommes qui étaient comme eux tout raidis et avec lesquels ils se livraient au péché. Je vis aussi partir de toutes leurs âmes des fils qui allaient ailleurs et revenaient, et je connus que par là chacun savait et voyait ce qui concernait l'autre. Ce n'était qu'abomination et confusion : je vis dans ces fils ou canaux spirituels comme des oiseaux noirs qui allaient et venaient pour établir les communications. Je vis qu'ils propageaient parmi les hommes beaucoup de fléaux et de maladies, et qu'ils apportaient à ces gens toute sorte d'ordures et d'étranges ingrédients comme des cheveux et des aiguilles qu'ils mettaient dans leurs onguents. Je vis parmi ceux-ci des personnes des contrées les plus diverses, et malheureusement aussi quelques-unes de notre temps et de notre pays : il y avait spécialement beaucoup de Juifs de pays étrangers :tout compris, ils ne formaient pas une troupe très nombreuse. Toutes choses se faisaient mystérieusement et dans les ténèbres, et il n'en provenait que de la folie, de l'abomination et du mal, sans aucun profit pour ceux qui y prenaient part. Je vis dans l'enceinte de cette église diabolique se produire une masse d'horreurs, d'impudicités et de crimes contre nature. C'étaient là les bonnes œuvres de ces adorateurs du démon et je reconnus que tous ceux qui s'adonnent à des vices de cette espèce appartiennent sans le savoir à cette église du démon. Je vis en outre dans cette sphère certains états et certaines relations qui dans la vie ordinaire ne sont pas considérés comme tout à fait illicites, surtout dans l'entourage de ces extatiques qui se frottent avec des onguents, puis voient à de grandes distances et commettent les plus affreux péchés avec d'autres .

 Il y avait notamment beaucoup de personnes magnétisées. Je vis quelque chose d'horrible entre elles et le magnétiseur ; c'étaient comme des nuages noirs de toutes les formes qui allaient des uns aux autres. Je n'ai presque jamais vu personne sous l'influence du magnétisme, sans qu'il s'y mêlât au moins une impureté charnelle très subtile. Je vois aussi toujours leur clairvoyance ayant pour agents de mauvais esprits. Je vis des gens tomber de la sphère lumineuse dans la région ténébreuse qui était au-dessous, par suite de leur participation à ces procédés magiques qu'ils appliquaient au traitement des malades, prenant pour prétexte l'intérêt de la science. Je les vis alors magnétiser et, égarés par des succès trompeurs, attirer beaucoup de personnes hors de la région lumineuse. Je vis qu'ils voulaient confondre ces guérisons d'origine infernale et ces reflets du miroir des ténèbres, avec les guérisons opérées par la lumière et avec la clairvoyance des personnes favorisées du Ciel. 

Je vis, à cet étage inférieur, des hommes très distingués travailler à leur insu dans la sphère de l'église infernale. Dans l'enceinte de l'autre sphère, il y avait aussi une église, un culte mystérieux, mais c'était plutôt comme l'organisation de diverses confréries. Il n'y avait pas là de culte public rendu au démon : je n'y vis pas Satan en personne : je n'y vis pas non plus de si abominables choses pratiquées volontairement et avec malice. On y était plutôt préoccupé de certaines sciences occultes et de certains secrets de la nature. Ils faisaient de l'or ; ils avaient de petits bâtons où ils taillaient une espèce de peigne et dont ils frappaient la terre. Ils employaient à toute sorte d'usages des anneaux sur lesquels étaient gravées des lettres, et des amulettes qu'ils portaient sur eux, célébraient certaines fêtes, tiraient les cartes, conjuraient la fièvre, cherchaient à guérir par des procédés bizarres, comme en jetant dans l'eau courante de petits linges ensanglantés avec lesquels on avait pansé des plaies ou en mesurant des enfants d'une certaine façon. J'ai vu là mille choses extraordinaires destinées en apparence à la santé du corps et à la récréation momentanée des hommes : mais dans toutes je vis le culte caché du démon, le désir d'être guéri sans renoncer au péché comme source de la mort ou de la maladie, l'assistance demandée non à Jésus et à son Eglise, mais à la nature déchue. Je vis aussi que toutes ces guérisons n'étaient qu'apparentes et qu'elles aggravaient le mal. Cela me fut montré par des symboles, comme celui d'un trou qu'on recouvre de papier pour le dissimuler aux yeux. Cette fausse église était autant et plus que la première entourée de personnes magnétiques : mais elles n'étaient pas plongées aussi avant dans le péché. Toutefois il y avait là comme une école préparatoire à tout ce qu'il y a de pire. Je vis aussi cette sphère peuplée d'une multitude de gens de toute espèce qui étaient par rapport à l'autre centre situé à une plus grande profondeur ce que sont des laïques par rapport à des prêtres ; au lieu de l'horrible culte diabolique, des impudicités, des meurtres, des vices contre nature, de la préparation de breuvages empoisonnés, de la fabrication d'images et d'écrits obscènes que j'avais vus dans la région inférieure, je voyais ici de folles amours, des langueurs, l'idolâtrie de la nature et de la créature, l'affectation des affections de famille, des lettres amoureuses, surtout de la musique mondaine, des danses, des boucles de cheveux, des anneaux, des portraits. Dans le cercle précédent j'avais vu préparer des poisons, procurer des avortements ; ici c'étaient des recettes superstitieuses pour réveiller l'amour.

 

Dans la troisième sphère, c'était tout autre chose et c'était pourtant la même chose, mais à un degré différent. Ici encore il y avait une église au centre et c'était purement de la franc-maçonnerie et des choses de ce genre Il n'était question ici que de bienfaisance sans Jésus-Christ, de lumières en dehors de la vraie lumière, de science sans Dieu, de bien-être, de vie commode, etc. Les gens de ce cercle ne croyaient pas aux deux autres cercles et s'imaginaient travailler contre eux tandis qu'ils ne travaillaient que contre la religion et aidaient à l'agrandissement des autres, dans le sol desquels ils avaient leurs racines. Tous ces mondes étaient liés les uns aux autres par de triples canaux et par une foule de lignes et de rayons qui les mettaient en rapport .

 

Tous se donnaient beaucoup de peine et travaillaient avec beaucoup d'efforts, mais tout ce qu'ils produisaient n'était que confusion, ténèbres, douleur et désespoir : toutes leurs guérisons n'étaient que des palliatifs et souvent un déplacement du mal qui l'aggravait. Je vis dans ce dernier cercle et dans le précédent un grand nombre de savants et spécialement des médecins et des pharmaciens. Je ne me souviens plus bien de la suite de cette vision : ce que j'avais maintenant sous les yeux,c'était le monde et son train de vie. Je ne vis plus de séparation entre la région de la lumière et les sphères ténébreuses : tout était confondu ensemble. 

Je me trouvai moi-même allant et venant au milieu de tout cela ; je vis des amis et des gens de ma connaissance qu'une espèce de vertige poussait vers les cercles ténébreux et je les ramenai en arrière. Je ne me souviens plus bien de la situation dans laquelle je me trouvais : il me semblait être avec ma sœur dans un trou, comme dans un purgatoire. Je tenais toujours par la main l'enfant de mon frère et je le retenais en arrière : mon père et ma mère étaient près de moi. L'enfant Jésus vint une fois à moi et m'apporta quelque chose : je ne sais plus ce que c'était. J'élevais aussi en l'air l'enfant Jésus : je le montrai de loin à mes amis qui s'égaraient et qui alors accoururent près de moi. W. était de ceux qui chancelaient, le Pèlerin tournait autour du royaume de ténèbres pour y faire des observations, ce qui l'exposait à de grands dangers : mais tous revinrent à moi, même B. qui s'était écarté très loin. Je ne me rappelle plus distinctement la fin de la vision : mais c'était une espèce de tableau de la moisson ; on coupait les blés, on criblait, on brûlait les mauvaises herbes, on recueillait le froment, et je courus encore avec mes amis vers le côté lumineux du champ.